La fermeture des centres de lavage auto est demandée par des "écologistes" afin de lutter contre la sécheresse. Une mesure contre-productive et même dangereuse pour l’environnement, alerte l’association "40 millions d’automobilistes". Voici pourquoi.
Alors que la France traverse l’un des hivers les plus secs qu’elle ait jamais connu, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a réuni hier les préfets de 6 bassins hydrographiques en vue d’identifier une série de mesures pour lutter contre la sécheresse. Parmi les principales décisions qui pourraient être prises, figure la fermeture des centres de lavage auto, demandée par certaines voix "écologistes".
Loin de permettre les économies d’eau nécessaires et tant recherchées, la fermeture des centres de lavage auto pourrait provoquer au contraire une augmentation de la consommation d’eau et des rejets plus importants de polluants dans les nappes souterraines.
Le lavage "professionnel" a pour atout majeur d’être particulièrement économe en eau : le lavage haute-pression d’un véhicule en station consomme en moyenne 60 litres d’eau (l’équivalent d’une douche), soit près de 6 fois moins qu’un lavage à domicile, qui en consomme 340 !
De plus, les stations de lavage professionnel sont équipées pour récolter, traiter et pacifier les résidus du lavage (les "boues"), qui peuvent contenir des éléments hautement polluants et dangereux pour l’environnement (des hydrocarbures et des métaux lourds, comme le cadmium, l’arsenic, le mercure, le zinc, le plomb…).
Enfin, il faut savoir que l’eau utilisée pour le lavage en station est récupérée et prétraitée (le centre professionnel intègre les 3 premières fonctions d’une station d’épuration : la décantation, le déshuilage et la collecte) avant d’être restituée à 95%.
Pour l’association "40 millions d’automobilistes", il s’agit d’abord d’informer pour ne pas répéter les erreurs du passé. L’été dernier, la France a connu une sécheresse sans précédent ; pour faire face à cette crise, le ministère de la Transition écologique a édité un Guide sécheresse pour orienter les autorités locales dans leur prise de décision. Conformément à ce que recommandait ce guide, la fermeture des centres de lavage auto a ainsi été décrétée dans la grande majorité des départements métropolitains sur la période estivale. Malheureusement, les conséquences sur l’environnement ont été à l’opposé de celles attendues.
Le lavage à domicile représente en effet 37% des pratiques, malgré l’interdiction édictée par le Code de la santé publique et le Code de l’environnement. Et cette tendance a augmenté de 12% en 2022 à la suite des fermetures de centres professionnels prononcées par les préfectures dans le cadre du Plan sécheresse. À chaque lavage, ce sont ainsi 280 litres d’eau qui sont gaspillés et environ 360 g de boues polluées qui rejoignent les eaux souterraines ou les nappes phréatiques.
Maintenir ouverts les centres de lavage professionnels pendant la sécheresse est donc primordial pour réaliser des économies d’eau, car l’envie ou le besoin de nettoyer sa voiture ne disparaît pas quand les stations ferment. Dans le cas contraire, cela risque d’encourager les usagers à laver leur véhicule chez eux, avec tous les risques environnementaux que cela comporte.