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Autoroutes : 10 ans de privatisation au détriment des Français

Il y a tout juste 10 ans, les autoroutes étaient totalement privatisées. L’État, jusqu’ici actionnaire majoritaire des principales sociétés concessionnaires (à hauteur de 70 % de l’APRR, de 50,3 % de l’ASF et de 74 % de la SANEF), cède ses parts pour 14,8 milliards d’euros à des sociétés privées, telles Eiffage, Vinci et Abertis pour la durée restante des concessions, qui s’étend pour certains réseaux jusqu’en 2032.

L'association "40 millions d'automobilistes" fait le point sur ces 10 ans de privatisation au détriment des usagers de la route.

Pourquoi la privatisation des autoroutes ?

Avec ses 12000km de voies, dont 9000km concédés, la France détient le 4ème réseau autoroutier le plus important au monde.

Le Gouvernement français a justifié la cession de ses parts dans les sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA) à des sociétés privées par divers arguments :

  • L’État n’aurait ni les moyens financiers, ni les compétences requises pour être gestionnaire des autoroutes. De plus, l’entretien et le développement du réseau ne ferait pas partie de ses prérogatives ;
  • En confiant la gestion des autoroutes à des groupes privés, l’État envisage une modernisation profonde du réseau, de nombreuses créations d’emplois et la possibilité de générer de nouveaux bénéfices via les taxes pesant sur les sociétés concessionnaires ;
  • La "vente" des autoroutes permettrait d’assainir les finances publiques et de réduire la dette à 3 % du PIB6, ainsi que l’exige l’Union européenne.

De plus, cette privatisation est temporaire : la durée des concessions s’étend sur une trentaine d’années et l’État conserve la propriété du réseau.

D'où vient le "scandale" des autoroutes ? 

On estime aujourd’hui que la privatisation totale des autoroutes s’est faite au détriment à la fois de l’État, des Français et des usagers de la route.

  • Cédées pour 14,8 milliards d'euros, les concessions d'autoroutes sont aujourd'hui estimées à 24 milliards d'euros.
  • Les SCA ont reversé environ 15 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires depuis le début de la concession (soit une multiplication par 8 par rapport au montant des dividendes versés avant la privatisation), soit un manque à gagner d’un ordre comparable pour l’État français.
  • Alors que le Gouvernement comptait sur l’intervention des concessionnaires pour favoriser la reprise de l’emploi, l’automatisation des péages et la réduction des personnels chargés de l’entretien du réseau conduisent au contraire à la suppression de milliers d’emplois.
  • Dès 2008, la Cour des Comptes pointe de nombreuses incohérences dans les contrats négociés au moment de la cession, qui se traduisent par des dérives – en particulier financières – dans la gestion du système autoroutier, "devenu trop favorable aux concessions" et surtout trop pénalisant pour l’usager. En 10 ans, le prix du kilomètre parcouru sur autoroute a en effet augmenté en moyenne de 16,4 %, soit deux fois plus vite que l’inflation.
  • Malgré la hausse continue des tarifs et les sommes engrangées par les SCA, les investissements réalisés par les concessionnaires régressent.
  • Les tarifs exorbitants pratiqués au péage par les SCA dissuadent aujourd’hui un grand nombre d’usagers d’emprunter le réseau autoroutier pour leurs déplacements. Pourtant, l’autoroute est de loin le réseau routier le plus sûr !

Une baisse nécessaire des prix des péages.

Épinglées à diverses reprises depuis 2008 par la Cour des Comptes et l’Autorité de la Concurrence, les SCA sont aujourd’hui dans le collimateur des pouvoirs publics, sommés par les magistrats d’agir pour obtenir un "rééquilibrage du modèle économique en faveur du concédant et des usagers".

Pour l'association "40 millions d'automobilistes", la baisse des tarifs de péages est nécéssaire à la fois pour redonner à tous les moyens de circuler sur le réseau le plus sécurisé, mais aussi pour préserver le "pouvoir-rouler" des Français.

Pour consulter notre rapport complet "Petite histoire des autoroutes", cliquez ici.

Écrit par 40MA Dernière modification le mardi 10 novembre 2020